Périls couverts - Catnat
PÉRILS COUVERTS
Les périls ci-dessous sont habituellement couverts par le régime des catastrophes naturelles.
Cette liste n'est pas exhaustive. Compte-tenu de leur assurabilité, les périls tempêtes (sauf vents cycloniques de grande ampleur), grêle, neige et gel sont pris en charge par des garanties d’assurance, ce qui justifie leur exclusion du régime légal des catastrophes naturelles.
Un péril coûteux, s’intensifiant dans un contexte de changement climatique avéré
L'apparition de désordres sur un bâtiment à la suite de mouvements du sol dus à la sécheresse, est connue depuis longtemps, mais ces dommages ne sont pris en charge que depuis 1989 par le régime des catastrophes naturelles au titre des 'mouvements de terrain différentiels consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols'. En effet, si l'année 1976 a été caractérisée par une sécheresse forte mais courte (4 mois) qui n'a donné lieu qu'à quelques désordres, c'est à partir de 1987 et surtout 1989 que le phénomène a pris une ampleur importante. L'intensité du phénomène de même que le sens du mouvement du sol (tassement en phase de déshydratation ou gonflement en phase de réhydratation) a varié avec des pics de déshydratation centrés sur les années 1990-1991, 1996-1997, 2003, 2005 et 2011. Plus récemment une séquence sèche continue s’est amorcé dès 2015 et se poursuit encore actuellement. Les années s’enchaînent et les records météorologiques ne font que s’amplifier tant sur les anomalies d’extrême sécheresse que sur les températures extrêmes.
Le coût de ce péril n'est pas apparu dans toute son ampleur au cours des premières années de survenance des sinistres liés à la sécheresse, du fait des parutions tardives des arrêtés reconnaissant l'état de catastrophe naturelle avec effet rétroactif.
On sait aujourd'hui que depuis le premier arrêté, pris en 1989, les dommages dus aux mouvements de terrain différentiels consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols constituent le deuxième poste d'indemnisation du régime après les inondations. Ils représentent environ le tiers des charges totales supportées sur la période 1989-2019.
Les principaux événements survenus
Depuis 1989, on peut distinguer cinq périodes de sécheresse particulièrement intenses :
une première vague de sécheresse s'étendant de 1989 à 1994 : les premiers désordres dus à la déshydratation du sol ont été observés dès 1989 après un automne 1988 particulièrement sec. Le coût estimé des dommages pour le marché sur cette période est de 1,2 Md€.
une deuxième vague s'étendant de 1995 à 1999 : la sécheresse a été intense mais irrégulière sur la période. Le coût estimé des dommages pour le marché est de 1,3 Md€.
l'épisode de sécheresse de 2003 : durant l'année 2003, la France a connu un épisode de sécheresse extrêmement intense, à l'origine de nombreux sinistres sur les maisons d'habitation. Cette sécheresse a plus été marquée par une période de canicule estivale particulièrement forte que par l'intensité du déficit hydrique observé. Cet épisode a, de ce fait, été très différent des deux vagues précédentes (1989-1994 et 1995-1999). Au total, près de 4 500 communes ont été reconnues en état de catastrophe naturelle pour cet événement dont le coût total s'est élevé à 1,2 Md€ (en € de l’époque).
l'épisode de sécheresse de 2005 : bien que moins intense que l'année 2003, l'année 2005 a été marquée par une importante sécheresse en particulier dans l'Ouest de la France.
l'épisode de sécheresse de 2011 : elle est caractérisée par un déficit pluviométrique très marqué durant l'hiver 2010-2011, et un printemps sec et chaud sur l'essentiel du territoire métropolitain, notamment toute la moitié Ouest. C'est à la suite de cet épisode que la commission interministérielle élabore le critère « printanier » des sécheresses.
la séquence de sécheresse continue amorcée depuis 2015 : elle est caractérisée par une localisation différente des épisodes survenus dans le passé puisqu’elle touche principalement la région centrale et le quart Nord-Est où les années 2018 et 2019 sont par exemple les plus sèches depuis 1959 année de début de disponibilité des données Météo France en continu sur tout le territoire métropolitain.
A noter que d'autres épisodes de sécheresse importante, antérieurs à la mise en place du régime d'indemnisation des catastrophes naturelles ont eu lieu. En particulier celle de l'année 1976, qui a touché une large moitié Nord du pays. Elle est le résultat de températures estivales particulièrement élevées, ainsi que d'un déficit des précipitations sur une période allant de l'hiver 1975 à l'été 1976. Cette sécheresse a eu de graves conséquences sur les productions agricoles et a engendré de nombreux problèmes d'approvisionnement en eau. C'est également lors de cette sécheresse que l'on a identifié les conséquences des retraits et gonflements des argiles.
Les zones touchées par la sécheresse en France métropolitaine depuis 1989 et les zones exposées
Comme le montre la carte ci-dessous des reconnaissances de l'état de catastrophe naturelle pour la période 1989-2019, le risque 'sécheresse' affecte des zones précises situées en particulier dans le Nord, le Bassin Parisien, le Centre, le Bassin Aquitain, la Provence, l’Auvergne ou la Bassin de la Moselle.
Afin d'améliorer la connaissance du phénomène de retrait-gonflement des argiles à une échelle plus fine et de tenter de diminuer à l'avenir le nombre de sinistres, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) a entrepris depuis 1997 un programme pluriannuel de cartographie départementale de cet aléa.
Ce programme, cofinancé par le Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM) et par la dotation de service public du BRGM, a permis de disposer de cartes départementales d'aléa retrait-gonflement des argiles pour la totalité des départements français métropolitains, hormis Paris.
La relative concentration du phénomène s'explique par le fait qu'il nécessite des conditions particulières pour se réaliser :
- des facteurs de prédisposition : présence d'un terrain argileux (calcaires argileux, marno-calcaires, dépôts alluvionnaires...) susceptible de retrait-gonflement, existence de conditions favorisant les variations de volume du sol par modification de la saturation du sol en eau (évaporation, imperméabilisation, sécheresse...), topographie en pente favorisant le drainage du terrain, importance de la végétation à proximité du bâti formant un périmètre de dessiccation en raison du soutirage racinaire de l'eau.
- des facteurs de déclenchement à évolution rapide : alternance de périodes de sécheresse de forte intensité avec des périodes plus humides entraînant des mouvements différentiels des structures, actions anthropiques (travaux d'aménagement, installation de drains, vices de construction...) modifiant la répartition des écoulements superficiels et souterrains des eaux.
Les dommages provoqués par ce phénomène concernent essentiellement les maisons individuelles, même si des dommages sur des immeubles collectifs ou des constructions relevant des collectivités locales (écoles, gymnases, églises...) ont parfois été observés. Ils prennent la forme de fissurations des murs ou des sols. Dans certains cas plus graves et moins nombreux, les mouvements du sol peuvent compromettre la solidité de la structure de la construction. Une reconstruction partielle ou totale peut alors être nécessaire.
Mesures de prévention
Le BRGM préconise des mesures de construction pour pallier les conséquences de la sécheresse :
- approfondir les fondations pour qu'elles soient ancrées dans un terrain peu sensible aux variations saisonnières d'humidité
- homogénéiser ces profondeurs d'ancrage pour éviter les dissymétries (terrains en pente)
- réaliser un trottoir étanche autour de la maison pour limiter l'évaporation à proximité immédiate des façades
- maîtriser les eaux de ruissellement et les eaux pluviales pour éviter les infiltrations au pied du mur
- ne pas planter d'arbres trop près de la maison
Traitement de la sécheresse par la Commission Interministérielle en charge de l'examen des demandes de reconnaissance de l'état de Catastrophe Naturelle
La lenteur des manifestations du péril “sécheresse” ne le faisait pas entrer spontanément dans le cadre du régime des catastrophes naturelles, réservé à “l'intensité anormale d'un agent naturel”. Le caractère d'événement exceptionnel susceptible de faire jouer la garantie du régime a néanmoins été reconnu assez largement entre l'année 1989 et la fin de l'année 2000. Jusqu'à cette période, seule la présence d'argile gonflante sur la commune était prise en compte pour statuer sur l'éligibilité d'une commune à la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle.
A partir de décembre 2000, le caractère catastrophique éventuel des dossiers sécheresse a été apprécié selon une méthode d'analyse plus fine dite “méthode du bilan hydrique à double réservoir”. Cette méthode exige que soit établi, en plus du rapport géotechnique précédemment requis, un bilan hydrique destiné à mesurer la variation de la teneur en eau du 1er mètre de sol et à déterminer si cette variation revêt ou non un caractère d'intensité anormale.
Cette procédure a eu pour effet de réduire sensiblement le nombre de nouveaux dossiers acceptés ainsi que la durée des périodes de mise en jeu de la garantie.
Comme évoqué précédemment, l'année 2003 a été marquée par une sécheresse différente des années précédentes, par son origine et par son étendue limitée à la seule période estivale. Les critères de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle ont donc dû être adaptés. En effet, l'utilisation du critère en vigueur depuis fin 2000 pour l'examen des dossiers sécheresse aurait conduit la commission interministérielle à refuser la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle à la presque totalité des communes demanderesses (plus de 8 000) alors même que d'importants dégâts étaient observés sur une grande partie du territoire métropolitain. Il a donc été demandé à Météo France d'élaborer un nouveau critère spécialement adapté à cette sécheresse.
Pour le traitement des sécheresses 2004 à 2008, l'éligibilité d'une commune était liée, en plus de la présence d'argile gonflante sur la commune, à la réalisation du critère de décembre 2000 ou de celui défini pour le traitement de l'année 2003.
A partir de septembre 2010, la commission interministérielle a mis en place de nouveaux outils de mesure pour le calcul des critères de reconnaissances sécheresse. Le calcul des critères utilise à présent l'indice d'humidité du sol (SWI – Soil Wetness Index) mesuré sur le maillage SAFRAN de 8km sur 8km. Ces nouveaux outils de mesure ont été utilisés, pour la première fois, par la commission pour le traitement des dossiers de la sécheresse 2009, puis pour ceux de la sécheresse 2010.
Contrairement aux épisodes précédents qui constituaient soit des sécheresses longues, comme en 1989-1990, soit des sécheresses estivales, comme en 2003, la sécheresse 2011 a été marquée par son caractère printanier. La commission interministérielle a par conséquent été amenée à retenir un nouveau critère de reconnaissance en plus des précédents pour traiter les demandes communales.
En 2019, de nouveaux critères de reconnaissance pour la sécheresse ont été mis en place et sont désormais appliqués pour tous les événements de sécheresse à partir de celui de 2018. Une phase importante d’évaluation de ces nouveaux critères a eu lieu et les travaux réalisés ont notamment permis d’intégrer la mise à jour du modèle de représentation des processus physiques régissant l’eau dans le sol (SIM2 pour Safran-Surfex-Modcou par Météo-France). Une approche commune à toutes les typologies de sécheresse, sur l’ensemble de l’année, a été proposée en s’assurant de l’équité du traitement des futures sécheresses. Le critère d’ordre quantitatif portant sur la présence de sols sensibles au phénomène de retrait gonflement des argiles et évaluant de fait la prédisposition au péril est conservé en l’état. De nouveaux critères météorologiques ont été définis : dorénavant pour être reconnu en état de catastrophe naturelle au titre d’une saison donnée, le niveau d’humidité des sols superficiels constaté pour cette saison doit être le 1er ou le 2ème plus faible depuis 50 ans. La période de calcul de référence pour déterminer si le rang 1 ou 2 est atteint, est constituée des 50 dernières années précédant l’épisode de sécheresse. Les reconnaissances se font par trimestre : chaque commune reconnue l’est pour 1, 2, 3 ou 4 trimestres d’une année, correspondant aux saisons, en fonction du contenu de sa demande qui est aussi analysée par trimestre. Enfin les données prises en compte pour calculer le rang sont les données par trimestre glissant. Ainsi pour le trimestre hivernal N, l’éligibilité est évaluée individuellement pour les trois trimestres glissants : novembre N-1, décembre N-1, janvier N ; décembre N-1, janvier N, février N ; janvier N, février N, mars N. Dans un souci de transparence, le Ministère de l'Intérieur a publié une circulaire relative à ces nouveaux critères de reconnaissance.
Un péril fréquent en France, qui se transforme et s'aggrave
Les inondations font traditionnellement référence au débordement d'un ou plusieurs cours d'eau, mais englobent également les phénomènes de ruissellement en dehors des cours d'eau. Annuellement, ce sont 440 milliards de m3 d'eau qui tombent sur le territoire métropolitain et se déversent dans 275 000 km de cours d'eau.
Avec des indemnisations cumulées entre 1982 et 2012 supérieures à 7,2 milliards d'euros, les inondations constituent le premier poste de sinistres à charge du régime des catastrophes naturelles représentant 50% du coût total assuré des indemnisations versées.
Par son régime climatique varié et sa morphologie, le territoire métropolitain français est exposé à plusieurs types d'inondations.
Les inondations de plaine (crues lentes)
Elles concernent les grands bassins versants (Seine, Loire, Meuse, Saône...). Ces inondations ont pour origine des précipitations successives et soutenues, affectant de vastes superficies et entraînant des crues lentes mais généralisées du réseau hydrographique. Elles peuvent aussi résulter de la combinaison de plusieurs facteurs, précipitations importantes et fonte des neiges par exemple, et durer de quelques jours à plusieurs semaines dans les bassins à faible pente.
Quelques exemples : la crue de la Seine en janvier 1910, la crue de la Moselle en octobre 2006, la crue de la Loire en novembre 2008, la crue de la Seine amont en 2013...
Les inondations par remontée de nappe
Les nappes phréatiques ou nappes libres sont alimentées par la pluie. Si des événements pluvieux exceptionnels surviennent pendant les périodes annuelles où les nappes sont fortement chargées, le niveau de la nappe peut alors atteindre la surface du sol et provoquer l'inondation par remontée de nappe. Parfois ces inondations s'accompagnent d'effondrements de terrains. Ce type d'inondation peut être catastrophique comme lors de la crue de la Somme en 2001. Les inondations par remontée de nappe présentent la particularité de durer longtemps (souvent plusieurs mois) et de couvrir de vastes zones géographiques. Sur la période 1982-2013, environ 825 communes ont été reconnues au moins une fois au titre de ce péril.
Un exemple : les inondations de la Somme en 2001.
Les inondations torrentielles (crues-éclair)
Elles concernent les petits bassins versants (cours d'eau de montagne, rivières méditerranéennes) et ont pour origine des précipitations intenses et localisées souvent liées à des phénomènes locaux (épisodes orageux, épisodes cévenols, cyclones dans les DOM). La montée des eaux est alors rapide et brutale et ce, d'autant plus que le relief de la région est marqué ou très urbanisé.
Quelques exemples : les orages du Sud-Ouest en juin 2013, les orages du Var en juin 2010, les inondations du Gard en septembre 2002 et 2005, les inondations d'Arles en décembre 2003, les inondations de l'Aude en novembre 1999, Vaison la Romaine en septembre 1992...
Les inondations par ruissellement
Elles affectent plus particulièrement les espaces urbains. Elles sont liées à des précipitations orageuses violentes qui saturent les réseaux d'évacuation des eaux pluviales et ruissellent en grosses quantités sur les sols imperméabilisés des agglomérations.
Quelques exemples : l'orage de Marseille le 19 septembre 2000, les inondations de Montpellier en septembre 2014.
Les inondations littorales ou submersions marines
Les submersions marines correspondent aux inondations de la zone côtière par la mer du fait de conditions météorologiques et marégraphiques sévères (tempêtes en métropole et cyclones dans les DOM). Trois modes de submersion peuvent être distingués :
- le débordement : lorsque le niveau de la mer est supérieur au niveau des ouvrages ou du trait de côte naturel
- le franchissement du trait de côte par paquet de mer résultant du déferlement des vagues
- la rupture d'ouvrage ou la destruction de cordons dunaires sous l'action de la marée et des vagues. L'eau est alors susceptible d'envahir les espaces protégés par ces éléments si leurs altitudes sont inférieures au niveau de la mer
Quelques exemples : la tempête Xynthia en février 2010, Johanna en mars 2008.
Les zones inondables en France métropolitaine
L'urbanisation des zones inondables s'est largement développée au cours des trente dernières années, entraînant une forte augmentation de la valeur des biens exposés.
En France, les inondations de plaine et les inondations torrentielles concernent au moins 19 247 communes dont 300 grandes agglomérations. L'arc méditerranéen, la vallée du Rhône et la région parisienne, densément peuplés et dont le patrimoine culturel et l'activité économique sont importants, apparaissent comme des zones fortement exposées. Les agglomérations alsaciennes et du Nord-Pas-de-Calais ressortent également de manière significative de par leur topographie de plaine. En 2009, l'étude EPRI nationale révèle qu'environ 17 millions d'habitants seraient exposés à un risque d'inondation, dont 16.8 millions rien qu'en métropole. Cependant, cette étude ne prend pas en compte la population saisonnière, qui peut s'avérer importante, comme par exemple, sur le littoral méditerranéen.
De même, 1.4 millions d'habitants sont exposés au risque submersion marine. En France métropolitaine : la Gironde, la Charente Maritime, la Vendée, la Manche et le Pas-de-Calais sont les départements les plus concernés (10% de la population permanente). En outre-mer c'est la Martinique et surtout Mayotte, où 15% de la population est exposée.
Les reconnaissances de Catastrophes Naturelles en France métropolitaine depuis 1982
Depuis 1982, ce sont 30 010 communes qui ont été touchées au moins une fois par l'inondation et 14 297 communes (soit plus d'un tiers des communes françaises) ont été reconnues sinistrées pour le péril inondation à plus de trois reprises (source : base des arrêtés Cat Nat), illustrant ainsi la nécessité de maîtriser l'urbanisation dans les zones fréquemment inondables.
Alors que les inondations de plaine ont longtemps constitué le phénomène prédominant en France, les inondations d'origine torrentielle occupent aujourd'hui la première place. Cette importance nouvelle du phénomène torrentiel s'explique par la succession d'événements d'intensités plus fortes que celles dont on gardait la mémoire, et qui ont affecté l'Aude en novembre 1999, le Gard en septembre 2002, le Rhône en décembre 2003, le Gard et l'Hérault en septembre 2005, le Centre - Est de la France en novembre 2008 et le Var en juin 2010.
Pour importante qu'elle soit, la charge correspondant à ce nouveau type d'inondations demeure sans commune mesure avec le coût potentiel d'une inondation de plaine susceptible de survenir dans la vallée de la Seine ou la Loire qui, toutes deux, recèlent des expositions importantes aux risques. Elles sont telles que les études d'actualisation effectuées à partir de l'inondation de 1856 pour la Loire et de celle de 1910 pour la Seine arrivent à des coûts de dommages pour le régime issu de la loi de 1982 (hors dommages aux services publics) allant jusqu'à 30 Md€.
La tempête Xynthia et les inondations par submersions marines qu'elle a entraînées, ont provoqué plus de 700 M€ de dommages au titre du régime Catastrophe Naturelle. Elle a ainsi rappelé à la France l'importante exposition de son littoral avec de possibles futures aggravations du fait de l'élévation du niveau de la mer en certains endroits.
Reconnaissances submersions marines :
Un phénomène préoccupant pour la majeure partie du territoire
Avec 20 % des communes exposées, les mouvements de terrain sont, après les inondations, les phénomènes naturels qui menacent le plus largement le territoire français.
Les mouvements de terrain sont des déplacements relatifs de volume de sol ou de sous-sol qui se produisent à des vitesses variables. On regroupe généralement sous l'appellation « mouvements de terrain » les cinq phénomènes suivants :
- les glissements de terrain,
- les affaissements et les effondrements de cavités souterraines,
- les éboulements, les chutes de pierres et de blocs,
- les coulées de boue,
- les retraits-gonflements des sols argileux.
Le régime d'assurance des catastrophes naturelles prend en charge l'indemnisation des dommages liés aux mouvements de terrain d'origine naturelle quand un arrêté est prononcé en ce sens. Jusqu'en 2000, le classement Cat Nat différenciait le type de mouvement de terrain : coulée de boue, effondrement, glissement, chute de blocs et éboulements. Depuis, tous sont regroupés sous l'appellation unique ''mouvements de terrain'' ; exceptions faites des coulées de boue, rattachées aux inondations, et des mouvements de terrain liés au retrait-gonflement des argiles devenus un péril à part entière. À noter que les effondrements de marnières, pourtant d'origine anthropique, sont couverts par le régime Cat Nat à titre exceptionnel du fait de l'absence d'une cartographie historique et d'un oubli de leur localisation par la mémoire collective.
Les différents mouvements de terrain et les phénomènes déclencheurs
Les phénomènes déclencheurs des mouvements de terrain combinent souvent plusieurs facteurs naturels et/ou anthropiques. Les séismes, les fortes pluies, l'alternance gel/dégel ainsi que l'érosion sont autant d'éléments déclencheurs fréquents. Les activités humaines accélératrices de l'érosion telles que le déboisement, l'exploitation minière et les terrassements sont des facteurs aggravants.
Glissements de terrain
Les glissements de terrain ont des vitesses de mouvement lentes allant de 1 mm/an à 10 cm/jour. Cependant, des ruptures soudaines et brutales peuvent survenir, elles sont d'autant plus probables que les sols sont saturés en eau. L'extension de ces glissements de terrain est de l'ordre de la dizaine de mètres à plusieurs centaines de mètres dans les cas les plus extrêmes.
Glissement de terrain des Ruines de Séchilienne dans l'Isère. À ce jour, 284 habitants ont été expropriés face à la menace.
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Les parades aux glissements de terrains sont difficiles à mettre en œuvre. S'ils sont de taille modeste, il est possible de drainer les terrains, de construire des murs ou des enrochements de soutènement ou encore d'organiser leur stabilisation via des terrassements.
Eboulements, chutes de pierres et blocs
L'érosion, responsable de la formation des falaises, provoque éboulements et chutes de pierres et blocs. La cinétique de ces phénomènes est très rapide et leur survenance difficile à prévoir. Des éléments rocheux d'une taille allant de quelques millimètres à plusieurs mètres se décrochent des falaises et chutent jusqu'à des vitesses de 10 m/seconde suivant des trajectoires imprévisibles. Rebonds et roulages peuvent transporter les blocs de grande taille sur plusieurs centaines de mètres. Des parades efficaces existent telles que le drainage, la purge de blocs, la pose de grillages et le confortement des parois rocheuses. Les dispositifs de contrôle des trajectoires les blocs, des herses (écrans) de blocage ou encore des merlons peuvent arrêter des blocs volumineux en pied de falaise et sont fréquemment utilisés pour limiter les impacts. Leur efficacité dépend toutefois de leur bon dimensionnement.
Affaissements et effondrements
La présence de cavités souterraines est responsable d'un risque important d'affaissement et d'effondrement affectant la surface. Quand le toit d'une cavité n'est plus soutenu, il se délite et le sol s'affaisse progressivement, voire s'effondre brutalement. Ce phénomène d'érosion est naturellement fréquent dans les régions calcaires karstiques où l'on trouve des gouffres et des dolines. En fonction de leur contexte géologique, les cavités d'origine anthropique peuvent être affectées par les mêmes phénomènes. La géologie du sous-sol, la taille et la profondeur de la cavité conditionnent la vitesse de la propagation de l'effondrement jusqu'en surface ainsi que l'étendue de la zone affectée en surface.
Un impact potentiellement important
L'impact potentiel sur les bâtiments et les réseaux dépend essentiellement de l'ampleur de l'événement. En effet, les mouvements de terrain peuvent ensevelir des zones entières et redessiner la morphologie des paysages sur plusieurs hectares.
Les destructions se font par impact ou recouvrement dans le cas des éboulements, des chutes de blocs et des glissements de terrain rapides. Dans le cas des glissements de terrain lents et des affaissements, il est fréquent d'observer une destruction des bâtiments par fissuration et effondrement.
Tous les types de réseaux et notamment ceux enterrés sont très vulnérables aux mouvements de terrain étant donné les risques importants de rupture.
L'exposition du territoire français
En France, les risques liés aux mouvements de terrain concernent environ 7 000 communes dont un tiers est exposé à un aléa décrit comme fort. Aux Antilles, le climat humide et la fréquence plus importante des séismes augmentent considérablement la probabilité de survenance des glissements de terrain. Lors des derniers séismes des Saintes en 2004 et de Martinique en 2007, des centaines de glissements de terrain ont été recensés.
Événements remarquables historiques
Date |
Site |
Type |
Impacts |
1248 |
Mont Granier (Savoie) |
Eboulement en grande masse |
300 à 500 millions de m3 mobilisés recouvrant plusieurs villages – 5 000 victimes |
1442 |
Claps de Luc-en-Diois (Drôme) |
Eboulement et glissement rocheux |
1,1 millions de m3 mobilisés, création de deux lacs de barrage dont le plus grand couvrait plus de 300 ha |
24 nov. 1926 |
Roquebillière (Alpes-Maritimes) |
Coulée de boue |
19 victimes |
13 nov. 1930 |
Colline de Fourvière, Lyon (Rhône) |
Glissement de terrain |
Quartier Saint-Jean – 40 victimes |
8 mai 1932 |
Caluire-et-Cuire (Rhône) |
Glissement de terrain |
30 victimes |
1er juin 1961 |
Clamart (Hauts-de-Seine) |
Effondrement |
8 ha surplombant une carrière de craie s'effondrent – 21 victimes |
16 avril 1970 |
Plateau d'Assy (Haute-Savoie) |
Coulées boueuses |
Sanatorium de Praz-Coutant affecté – 71 victimes |
1980 |
Grand-îlet, Cirque de Salazie (La Réunion) |
Glissement de terrain et coulées boueuses |
10 victimes |
27 août 1987 |
Modane (Savoie) |
Coulées boueuses |
Environ 80 000 m3 de matériaux déversés dans la ville |
9 janvier 1994 |
La Salle-en- Beaumont (Isère) |
Glissement de terrain |
1,3 millions de m3 de matériaux détruisent 9 maisons – 4 victimes |
Avril 2000 |
Remire-Montjolly (Guyane) |
Glissement de terrain |
Dégâts au pied de la colline Cabassou – 10 victimes |
24 mars 2006 |
Route du littoral (La Réunion) |
Eboulement |
Voies coupées pendant 5 semaines, véhicules ensevelis - 2 victimes |
Sources modifiées : Collection Prévention des risques naturels, les mouvements de terrain, MEDDE/DGPR.
Sites actuellement sous surveillance
La Clapière (Alpes-Maritimes)
Le glissement de terrain de La Clapière est reconnu comme le plus important d'Europe. Il engage un volume d'environ 60 millions de mètres cubes sur 1 100 mètres de long et 750 mètres de haut. Sa vitesse de déplacement est de quelques centimètres par jour.
Ruines de Séchilienne (Isère)
Les Ruines de Séchilienne glissent lentement vers le cours de la Romanche en contrebas. Ce glissement de terrain engage un volume d'environ 2 à 3 millions de mètres cubes. Sa vitesse de déplacement est de près d'un mètre par an. La crainte d'un éboulement brutal a conduit à l'expropriation de 284 habitants. C'est le Centre d'Etudes Techniques de l'Equipement (CETE) de Lyon, aujourd’hui fussioné dans le CEREMA, qui est en charge du suivi du versant.
Roquebillière (Alpes-Maritimes)
Le village de Roquebillière a été touché en novembre 1926 par une coulée de boue de 2 à 3 millions de m3, qui a emporté une grande partie du village, faisant 19 victimes. Depuis 1971, on constate une reprise d'un mouvement lent sur le versant. Un suivi automatique du glissement de terrain de Roquebillière a été mis en place, le résultat de l'étude déterminera si les 250 habitants du vieux village de Roquebillière devront être relogés, ou non.
Barcelonnette (Alpes de Haute Provence)
Depuis 1982, le site de Barcelonnette est connu pour être le 3° plus grand glissement de terrain français. Environ 170 habitations, soit 700 personnes, des communes de Saint-Pons et de Barcelonnette sont directement menacées par 6 millions de m3 de terre ou potentielles coulées de boue.
Lac du Chambon (Isère)
Depuis avril 2015, ce glissement de terrain en surplomb du lac du Chambon, lac de barrage construit au début des années 1930 sur la Romanche affluent du Drac, s’étend sur près de 300 mètres de longueur et 100 mètres en hauteur. Il menace la structure du tunnel, renforcé courant 2017, situé sur l’axe routier principal reliant Grenoble à La Grave, Serre-Chevalier ou encore Briançon par le col du Lautaret. Le volume mobilisé est estimé entre 800 000 et 2 millions de m3 d’une roche jugée friable. Un glissement majeur engendrerait une vague de plusieurs mètres surmontable par le barrage dont EDF assure l’exploitation.
D'autres glissements, tels celui de Prat-de-Julian ou celui de Grasse (Alpes-Maritimes) sont aussi surveillés par l'Observatoire gravitaire Géoazur et ses partenaires.
Les reconnaissances de l'état de Catastrophe Naturelle en France métropolitaine
Les cyclones : des phénomènes météorologiques dévastateurs
Les cyclones (aussi nommé aussi ouragan dans l'océan Atlantique Nord et typhon dans le Pacifique) sont des systèmes dépressionnaires de faible diamètre (300 à 800 km) qui provoquent des vents de 200 à 300 km/h et se déplacent rapidement, de 700 à 1000 km par jour. Ils se forment lorsque que les trois conditions suivantes sont réunies :
- la température de la mer doit être supérieure à 26°C sur une vaste zone, le cyclone trouvant son énergie dans la vapeur d'eau qui s'élève de la mer,
- la dépression initiale doit provoquer des mouvements convergents de l'air, la zone de basse pression se formant généralement dans la zone de la convergence intertropicale (zone proche de l'équateur où les masses d'air convergent),
- une forte convection doit également s'installer pour assurer l'importance des mouvements verticaux, le mouvement tourbillonnaire de l'air autour de la zone de basse pression étant assuré par la rotation de la Terre (force de Coriolis).
Le passage d'un cyclone se traduit généralement par des vents cycloniques violents, des pluies intenses (inondations, glissements de terrain) voire une surélévation du niveau de la mer et une houle importante (submersion marine).
LES CYCLONES SONT CLASSES EN FONCTION DE LEUR INTENSITE, SELON L'ECHELLE DITE DE SAFFIR-SIMPSON CI-DESSOUS : |
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Catégories | Vents | Elévation du niveau de la mer | Description |
1 | 119 à 153 km/h | 1 à 1,70 mètre | Peu ou pas de dommages à la végétation, aux panneaux de signalisation et aux maisons sans fondation. |
2 | 154 à 177 km/h | 1,80 à 2,60 mètres | Les dommages sont importants pour les maisons, notamment pour celles de type mobile home (toiture, fenêtres...). Les panneaux de signalisation sont arrachés, les arbres déracinés. Les routes et les plaines situées en-dessous du niveau de la mer sont inondées avant même l'arrivée du cyclone. Les habitations le long des côtes sont évacuées. |
3 | 178 à 209 km/h | 2,70 à 3,80 mètres | Les grands arbres sont déracinés. Les mobiles homes sont détruits et la structure des bâtiments est endommagée. Les inondations sont importantes sur les terrains côtiers à moins de 1,50 mètre au-dessus du niveau de la mer, jusqu'à plus de 15 km dans les terres. Les maisons côtières sont endommagées par les vagues et les débris. |
4 | 210 à 249 km/h | 3,90 à 5,60 mètres | Les bâtiments ont leur structure très endommagée au rez-de-chaussée, à causes des inondations. Ces dernières sont importantes sur les zones côtières à moins de 3 mètres au-dessus du niveau de la mer, et jusqu'à plus de 9 km dans les terres. Les plages sont vidées de leur sable. La population côtière est évacuée sur une bande de 3 Km à l'intérieur des terres. |
5 | Plus de 249 km/h | Plus de 5,60 mètres | Les maisons sont disloquées ou très endommagées par les inondations. La population côtière est évacuée dans un rayon allant jusqu'à 16 Km à l'intérieur des terres. |
Les territoires ultramarins sont entrés dans le champ d'application de la garantie Catastrophe Naturelle depuis la loi sur les Outre-mer de juin 1990.
Depuis la fin de l'année 2000, les dommages dus au vent sont intégrés dans la garantie des catastrophes naturelles lorsque la vitesse du vent dépasse 145 km/h pendant dix minutes, ou 215 km/h par rafales. Jusqu'alors les vents cycloniques n'étaient assurés que dans le cadre des garanties contractuelles relevant du marché concurrentiel de l'assurance, à savoir les garanties "Tempêtes-Ouragans-Cyclones" (T.O.C.).
Ci-dessous, l'article L 122-7 du code des assurances en vigueur au 11 juillet 2001, traitant de la garantie des dommages en cas de vents cycloniques :
« Les contrats d'assurance garantissant les dommages d'incendie ou tous autres dommages à des biens situés en France, ainsi que les dommages aux corps de véhicules terrestres à moteur, ouvrent droit à la garantie de l'assuré contre les effets du vent dû aux tempêtes, ouragans et cyclones, sur les biens faisant l'objet de tels contrats, sauf en ce qui concerne les effets du vent dû à un événement cyclonique pour lequel les vents maximaux de surface enregistrés ou estimés sur la zone sinistrée ont atteint ou dépassé 145 km/h en moyenne sur dix minutes ou 215 km/h en rafales[...]. Sont exclus les contrats garantissant les dommages d'incendie causés aux récoltes non engrangées, aux cultures et au cheptel vif hors bâtiments. Sont également exclus les contrats garantissant les dommages d'incendie causés aux bois sur pied. En outre, si l'assuré est couvert contre les pertes d'exploitation, cette garantie est étendue aux effets des tempêtes, ouragans ou cyclones, dans les conditions du contrat correspondant »
Dans la mesure où il est survenu antérieurement à l'application de la loi de 1982 pour les DOM, le cyclone HUGO (1989) n'a pas été pris en charge dans le cadre du régime d'indemnisation des victimes de catastrophes naturelles. En revanche, les cyclones LUIS (1995), MARYLIN (1995) et LENNY (1999) l'ont été à l'exclusion des effets du vent relevant alors des garanties T.O.C.
Etant survenu postérieurement à 2000, le cyclone DINA (2002) est le premier dont les dommages sont indemnisés, au titre du régime légal des catastrophes naturelles, non seulement pour les effets de l'eau mais aussi pour les effets du vent. Le montant des dégâts occasionnés à charge du régime légal est considérable (90M€).
Depuis, le cyclone DEAN (2007) a aussi fait l'objet de reconnaissances de l'état de catastrophe naturelle pour les vents cycloniques et les effets de l'eau, tels que les chocs mécaniques liés à l'action des vagues, mais également les inondations et les coulées de boue consécutives au passage du cyclone. Pour cet événement, l'indemnisation des dommages par le régime des catastrophes naturelles s'est élevé à 190 M€.
Ces deux exemples suffisent à illustrer l'importance des risques supplémentaires auxquels doit faire face le régime des catastrophes naturelles, depuis son extension aux territoires d'outre-mer et aux vents cycloniques.
Les reconnaissances de l'état de Catastrophes Naturelles
Une exposition localisée mais au coût potentiellement élevé
Les séismes les plus importants ont lieu aux abords des limites des plaques tectoniques. La France métropolitaine est relativement éloignée de ces zones, si bien que la sismicité de son territoire métropolitain est modérée par rapport à celle de pays qui en sont plus proches comme l'Italie, la Grèce ou la Turquie. Néanmoins le territoire métropolitain français ne peut pas être considéré comme exempt de risque sismique.
Le fichier français de sismicité homogène FCAT-17(1) comporte pas moins de 65 000 événements ayant impacté le territoire métropolitain au cours du dernier millénaire. Pour l’Outre-mer, les données sont plus disparates du fait du peuplement plus tardif de ces territoires. Les données sur les Antilles, territoire le plus exposé, remonte au mieux à un siècle pour des données exhaustives.
On compte 35 séismes d'intensité épicentrale supérieure ou égale à VIII-IX sur l'échelle MSK (2), soit en moyenne 3 événements destructeurs par siècle. Parmi ceux-ci, trois séismes frontaliers ont eu des effets destructeurs sur le territoire français : le séisme de Bâle en 1356, le séisme catalan en 1428 et le séisme ligure en 1887.
Selon la sismicité de ces quarante dernières années, huit séismes de magnitude supérieure à 4 se produisent en moyenne par an. Sur la même période de temps, 25 séismes de magnitude supérieure à 5 ont été ressentis en France. Le séisme d'Annecy, de magnitude 5,3, en juillet 1996 a donné lieu à 12 000 déclarations de sinistres et son coût assuré est évalué à 60 M€. Plus récemment, le séisme du 11 novembre 2019 au Teil en Ardèche a provoqué des dommages considérables sur une zone peu étendue du fait de sa faible profondeur d’environ 1 km pour une magnitude d’environ 5,2. Par ailleurs, c’est vraisemblablement le 1er séisme depuis au moins 100 ans à laisser des traces géologiques visibles en surface. Son coût est estimé aujourd'hui à 240 M€.
La carte de la sismicité historique qui reprend tous les tremblements de terre que l'on a pu recenser depuis mille ans, fait ressortir les régions exposées. Il s'agit :
- des Alpes et de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur du fait de la collision entre les plaques africaine et eurasienne
- des fossés du Rhône et du Rhin qui sont soumis aux contraintes de cette même collision entre les plaques africaine et eurasienne
- des Pyrénées, concernées par le coulissement de la micro-plaque ibérique
- du Massif Armoricain ainsi que du Massif Central, sensibles à la réactivation de failles anciennes consécutives à l'émergence de la chaîne des Alpes
La très faible activité des autres régions de France n'exclut pas qu'elles puissent connaître des séismes, même si leur probabilité de survenance est très faible. En février 2003, le séisme de Rambervillers (88) de magnitude 5,4 a été largement ressenti dans un grand quart Nord-Est de la France. Cet événement n'a pas provoqué de dégâts importants (uniquement des murs fissurés et des chutes de cheminées) mais il rappelle aux habitants des zones sismiques métropolitaines que le danger reste bel et bien présent.
Si elle connaît plutôt de faibles secousses sismiques se produisant plus ou moins régulièrement, la France métropolitaine n'en a pas moins été par le passé le théâtre d'événements sismiques de plus grande ampleur. Le dernier grand séisme français est survenu aux alentours de Lambesc, dans les Bouches-du-Rhône, le 11 juin 1909. Outre des destructions importantes, le bilan a été de 49 morts et 250 blessés. Une étude (3) montre qu'aujourd'hui, du fait de l'urbanisation de cette région, ce séisme occasionnerait entre 500 et 1 000 morts et des dommages matériels de l'ordre de 700 M€.
La région niçoise a également connu par le passé plusieurs séismes d'intensité IX ou X; le département des Alpes-Maritimes est considéré comme la zone métropolitaine la plus menacée par un séisme violent. Un programme d'études (4) a évalué les conséquences qu'aurait aujourd'hui, dans la ville de Nice et ses environs, un séisme comparable au tremblement de terre d'intensité VII - VIII survenu en 1887 au large des côtes de Ligurie et connu sous le nom de 'Tremblement de terre ligure'. Il en ressort qu'il pourrait y avoir de 50 à 600 morts, 950 à 4 300 blessés dont 10 à 200 graves et 10 000 à 40 000 sans-abris. Les pertes économiques directes sont estimées entre 3 et 4,5 Md€ pour la seule commune de Nice.
Même si la survenance d'un fort séisme en métropole est susceptible de provoquer une catastrophe sans précédent, le risque sismique y est finalement faible et diffus.
Risques sismiques dans les territoires d'Outre-mer
La situation est différente pour les territoires d'Outre-mer et notamment pour les îles antillaises qui sont les plus exposées. En effet, ces îles nées de la subduction de la plaque nord-américaine sous la plaque Caraïbes, sont le siège d'une activité sismique régulière. Quinze séismes d'intensité supérieure ou égale à VII y ont été ressentis dans le passé, certains atteignant l'intensité IX-X (cas de la Guadeloupe en 1843 avec 3 000 morts). L'absence de séisme destructeur depuis plusieurs dizaines d'années a presque effacé des mémoires de telles catastrophes. Mais ce silence sismique ne signifie pas que le risque a disparu comme le rappellent les séismes récents survenus au Sud de la Guadeloupe et au Nord de la Martinique respectivement en 2004 et 2007. Ces deux événements avaient d’ailleurs généré de nombreux dégâts induisant des reconnaissances de l’état de catastrophe naturelle et des coûts unitaires de plusieurs dizaines de millions d’euros.
(1) Manchuel, K., Traversa, P., Baumont, D. et al. The French seismic CATalogue (FCAT-17). Bull Earthquake Eng 16, 2227–2251 (2018). https://doi.org/10.1007/s10518-017-0236-1
(2) L'échelle MSK classe les séismes en fonction de leur intensité et de leurs effets à un endroit donné (analyse des réactions humaines et des objets, dégâts aux bâtiments...). Elle distingue douze degrés d'intensité croissante, notés en chiffres romains de I (secousse non ressentie mais enregistrée par les instruments) à XII (changements de paysage, énormes crevasses dans le sol, vallées barrées, rivières déplacées...).
(3) étude menée sous la direction du Ministère de l'écologie et du Développement Durable en 1982.
(4) Il s'agit du programme RISK-UE : An advanced approach to earthquake risk scenarios, with application to different European towns - Work Package 12 : Synthesis of application to Nice city, Mai 2004, Commission Européenne DG Rercherche, 5ème PCRD.
Une avalanche est le déplacement rapide d'une masse de neige, le long d'une pente, sous l'effet de la gravité, accumulant un volume de quelques dizaines de mètres cubes à plusieurs centaines de milliers de mètres cubes.
Le manteau neigeux est formé d'une superposition de couches aux caractéristiques différentes et se transformant en permanence. L'avalanche est donc provoquée par la rupture d'un manteau neigeux, dont l'équilibre est plus ou moins précaire sur le versant.
Cet équilibre dépend de plusieurs facteurs dont :
- la quantité et qualité de la neige (quantité suffisante et haut degré de cohésion)
- la pente (pente marquée dans la zone de départ de l'avalanche)
- la nature du sol (rugosité du sol, nature de la roche, présence d'eau en surface...)
- la végétation (type de végétation, densité d'implantation des arbres...)
Les différents types d'avalanches
Il existe trois types d'avalanches : les avalanches en aérosol, les avalanches coulantes ou denses, et les avalanches mixtes.
Les avalanches en aérosol
Elles sont constituées d'un nuage d'une centaine de mètres de hauteur, formé d'air et de neige, qui dévale une pente à une vitesse pouvant atteindre 400 km/h. Dans la majorité des cas ces avalanches surviennent lorsque le manteau neigeux est constitué de neige récente, légère et « sèche » (dite « poudreuse »), peu transformée par le vent ou la température.
Ces avalanches ont une trajectoire plutôt rectiligne, mais il arrive qu'elles ne soient pas totalement canalisées par le relief. En effet, certaines peuvent en raison de leur vitesse traverser un val et remonter sur le versant opposé sur 200 ou 300 mètres.
A l'avant de ces avalanches, se développent des ondes de choc (identiques à celles provoquée par une explosion), capables de détruire des forêts entières.
Avalanches de poudreuse - Licence : Creative Commons
Les avalanches coulantes ou denses
Elles sont formées de neige "humide" et dense, qui coule plutôt lentement (rarement plus de 100 km/h). Ces avalanches sont de puissants agents d'érosion en raison des pressions considérables qu'elles exercent lors de leurs passages. Même si leur trajet est assez bien connu, puisqu'elles suivent les dépressions du relief, elles peuvent être déviées par un obstacle et provoquer des dégâts dans des zones initialement non exposées. Ces avalanches coulantes sont parmi les plus nombreuses observées en France, et se déclenchent le plus souvent après une hausse des températures (pendant un redoux hivernal ou au printemps).
Avalanches coulante - Licence : Creative Commons
Les avalanches mixtes
Ce sont des phénomènes complexes, combinant les caractéristiques des deux types d'avalanches précédentes. Elles sont formées d'un écoulement de type avalanche coulante, ainsi que d'un important nuage d'air et de neige en aérosol. Ces deux composants de l'avalanche peuvent soit évoluer et se propager ensemble, soit devenir indépendants et suivre des trajectoires distinctes. Sous nos latitudes, les avalanches de grande ampleur sont souvent des avalanches mixtes.
Déclenchement des avalanches
Pour ces différents types d'avalanche, il existe deux sortes de rupture :
- le départ en plaques : les avalanches se déclenchent à la suite d'une rupture linéaire, pouvant aller jusqu'à plusieurs centaines de mètres, d'une partie du manteau neigeux. Cette strate superficielle instable est constituée de neige relativement dense, généralement déposée par le vent, et reposant sur une sous-couche sans cohésion.
- le départ ponctuel : les avalanches se déclenchent à la suite d'une rupture du manteau neigeux en un point unique, dû au faible degré de cohésion de ce dernier.
Départ en plaques - Licence : Creative Commons
Les avalanches en aérosol ou mixtes peuvent endommager des zones d'exploitation forestière, et ainsi favoriser les avalanches futures ou les glissements de terrains en période non hivernale. Les avalanches lourdes, quant à elles, peuvent emporter une épaisseur importante de sol sur leur passage.
Les atteintes aux hommes et aux biens
Chaque année, plusieurs dizaines de personnes sont victimes d'avalanches en pratiquant des activités comme la randonnée hivernale, le ski hors-piste ou encore l'alpinisme. Ces avalanches menacent également les routes et les zones urbanisées, entrainant une perturbation des activités.
Événements historiques remarquables
Dates | Localisation | Victimes et dégâts |
1601 | Chèze et Saint-Martin (Hautes-Pyrénées) | 107 morts, les deux villages totalement rasés |
1634 | Le Tour (Haute -Savoie) | 11 morts |
1749 | Huez (Isère) | 38 morts, la moitié du village détruite |
1895 | Orlu (Ariège) | 15 morts |
1970 | Val d'Isère (Savoie) | 39 morts, 37 blessés, chalet UCPA balayé |
1981 | Saint Etienne-de-Cuines (Savoie) | 4 morts, plusieurs villages sévèrement touchés |
1990 | Glacier du Taconnaz (Haute- Savoie) | Pas de victimes, plusieurs maisons détruites |
1995 | Peisey - Nancroix (Savoie) | Pas de victimes, plusieurs chalets détruits |
1999 | Hameau de Montroc à Chamonix (Haute-Savoie) | 12 morts, 14 chalets détruits |
2013 | Barège (Hautes-Pyrénées) | Le village est évacué |
Source : Direction de la Prévention des Pollutions et des Risques (DPPR) Avalanche
C'est suite à la catastrophe de Val-d'Isère de 1970 (39 morts), que l'Etat s'est intéressé au risque avalanche. Il mit en place une politique nationale d'étude et de prévention des avalanches, qui aujourd'hui, concerne plus de 600 communes françaises.
Cependant, les moyens de prévision, de prévention et de protection contre les avalanches ont montré leurs limites :
- avalanche du glacier du Taconnaz (1990) : elle a endommagé et débordé des digues paravalanches mises en place.
- avalanche de Montroc (1999) : elle a atteint des habitations situées au-delà de la zone d'emprise définie dans le Plan d'exposition aux risques de 1992
A partir de 1970, des Cartes de Localisation des Phénomènes Avalancheux (CLPA) ont été élaborées.
Ces cartes au 1/25 000ème représentent un inventaire des phénomènes avalancheux passés identifiés. L'enveloppe maximum de chaque avalanche, y est reportée.
La méthodologie d'élaboration des cartes a été proposée par l'ISTEA (Institut national de recherche en Sciences et Technologies pour l'Environnement et l'Agriculture) et l'IGN (Institut National de l'information Géographique et forestière). Les CLPA s'appuient également sur l'Enquête Permanente sur les Avalanches (EPA). L'EPA est une opération de surveillance réalisée par des agents de l'ONF (Office National des Forêts), sur près de 5 000 couloirs d'avalanche.
Les CLPA sont également réalisées au moyen d'une étude de photographies aériennes en été et d'une enquête auprès des habitants des zones concernées. Document informatif, les CPLA sont devenues indispensables pour la gestion du réseau routier, des domaines skiables ou l'étude des projets d'aménagements touristiques. Environ 710 000 hectares ont été cartographiés dans les Alpes et les Pyrénées depuis 1970.
Les reconnaissances de l'état de Catastrophe Naturelle en France métropolitaine
La France directement menacée
La France est directement menacée par les risques liés à trois volcans actifs situés sur son territoire ultramarin : la Soufrière en Guadeloupe, la Montagne Pelée en Martinique et le Piton de la Fournaise à La Réunion. Par ailleurs, depuis mai 2018, un événement sans précédent frappe Mayotte qui voit la mise en place d’un nouveau volcan à 50 km à l’est en plein océan. Même si celui-ci repose par 3500 m de profondeur, il culmine déjà à 800 m au-dessus du plancher océanique et induit une crise sismique continue sur le territoire mahorais.
En métropole, seuls les effets d'une éruption distante en Islande (comme celle de l'Eyjafjalljökull en 2010), en Italie ou en Grèce pourraient affecter directement le territoire. En effet, les régions volcaniques du Massif Central et du Fossé rhénan ne constituent pas une menace contemporaine, même si la dernière activité volcanique, en Auvergne, date d'environ 7000 ans.
Eruptions volcaniques récentes ayant affecté le territoire français :
- 1902, Montagne Pelée, Martinique, 29000 morts ;
- 1976, Soufrière, Guadeloupe ;
- À plusieurs reprises depuis 1995, Soufrière Hills, Montserrat (UK) à seulement 70 km au NW de la Guadeloupe ;
- 1977, 1986 et 2007, Piton de la Fournaise, La Réunion ;
- 2010, Eyjafjallajökull, Islande : conséquences indirectes à cause du panache de cendres.
Depuis la création du régime d'indemnisation des catastrophes naturelles, seule l'éruption du Piton de la Fournaise le 2 avril 2007 a fait l'objet d'un arrêté portant reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle (Arrêté du 5 novembre 2008).
Les phénomènes à l'origine des éruptions volcaniques
Les éruptions volcaniques sont, avec les séismes, l'une des principales manifestations de l'activité tellurique de la Terre. Les volcans sont essentiellement localisés à la limite des plaques tectoniques, ainsi qu'au niveau de « points chauds », lieux de production de magma alimentant l'activité volcanique.
Suivant le contexte tectonique et géologique de la zone, l'activité est caractérisée par des éruptions effusives (fontaines et coulées de lave) ou explosives (explosions, nuées ardentes, panache de cendres). Néanmoins, l'activité d'un volcan varie au cours de sa vie. Seules l'étude détaillée de son histoire géologique et la comparaison à des volcans analogues permettent de déterminer toute la variabilité des scénarios éruptifs possibles.
Les aléas et leurs effets
Les coulées de lave
Les coulées de lave s'épanchent sur les flancs d'un édifice volcanique à partir des cratères sommitaux ou de fissures latérales. Sauf dans le cas d'une lave très fluide émise directement à proximité d'une zone habitée non évacuée, la vitesse de progression des coulées de lave ne constitue pas un réel danger pour les populations. En revanche, le potentiel destructif est important : recouvrement des infrastructures, écrasement lié à l'avancée de blocs et incendies.
Vue aérienne de coulées de lave sur les pentes du Kilauea à Hawaï, aux États-Unis, en 2005.
Licence : GNU Free Documentation
Des opérations de détournement de la trajectoire de coulées de lave ont été expérimentées à plusieurs reprises avec un succès variable, notamment sur l'Etna en Italie. Le détournement d'une coulée de lave ne se fait plus sans soulever de nombreuses questions juridiques pour les décideurs.
Les panaches et chutes de cendres volcaniques
Les éruptions explosives peuvent projeter des panaches de cendres susceptibles d'atteindre la haute atmosphère dans les cas les plus extrêmes. Les cendres sont des fragments de lave et/ou de roche, de tailles et de formes variables, généralement très abrasifs.
Pour les populations, l'inhalation de particules fines en grande quantité est source de troubles respiratoires.
Panache de cendres lors de l'éruption de l'Eyjafjallajökul, Islande, en avril 2010.
Licence : Creative Commons
Pour les animaux et l'agriculture, s'ajoute le problème de l'altération ou de la destruction des pâturages et des sources d'alimentation affectées par les chutes de cendres.
Pour les infrastructures, il faut considérer le risque d'effondrement des toits lié à la charge générée par l'accumulation de cendres parfois humides. Les cendres affectent aussi les réseaux électriques (isolateurs), les réservoirs d'eau non protégés et tous les systèmes mécaniques susceptibles de les ingérer, y compris les transports terrestres.
Les nuées ardentes
Les nuées ardentes ou écoulements pyroclastiques sont des fragments de lave et de roches mis en mouvement dans un nuage de gaz très chaud (200 à 700°C) qui se déplace à grande vitesse (jusqu'à 600 km/h).
Les nuées ardentes sont souvent générées par l'effondrement sur lui-même d'un panache de cendres trop dense ou par l'écroulement d'un dôme de lave. Dans le cas de l'écroulement d'un dôme déclenché par son explosion, un blast (onde de pression) peut accompagner les coulées pyroclastiques.
Ce type d'aléa volcanique est extrêmement destructeur : une destruction totale des infrastructures est souvent observée. Les dépôts pyroclastiques peuvent recouvrir d'importantes surfaces sous plusieurs mètres de cendres et de blocs comme à St-Pierre, Martinique, en 1902.
Nuée ardente à la Montagne Pelée, Martinique, lors de l'éruption 1902 qui provoqua la destruction de la ville de St-Pierre et la mort d'environ 29000 personnes.
Licence : Photo de domaine public
Les effondrements et glissements de flancs
Les effondrements sont associés à la formation de caldeira résultant de l'affaissement du toit de la chambre magmatique d'un volcan. Ces événements sont accompagnés d'une intense activité sismique et peuvent être associés à une activité explosive intense.
Les glissements de flancs sont en général liés à des intrusions de magma dans l'édifice volcanique, à une altération avancée des roches par l'activité du système hydrothermal ou déclenchés par un séisme régional. L'impact de ce type de phénomène est fonction de sa vitesse et du volume de matière mobilisée. Les principaux périls pour les infrastructures sont la destruction par recouvrement et impact, la modification de topographie, la création d'embâcles et le risque de tsunamis.
Un flanc du volcan St Helens, États-Unis, s'est effondré lors de l'éruption de mai 1980.
Licence : U.S. Geological Survey
Les lahars
Les lahars sont des coulées de boue constituées de cendres, de blocs et d'autres matériaux remobilisés par de l'eau. Cette eau peut provenir d'un lac de cratère affecté par l'éruption, d'une rivière, de la fonte brutale de neige et de glace ou plus simplement de l'eau de pluie.
Les dépôts volcaniques non consolidés peuvent être remobilisés plusieurs années après leur mise en place. La formation d'embâcle est aussi fréquente au niveau des ponts par exemple.
En 1985, des lahars détruisent la ville d'Armero, Colombie, pourtant située à 45 km du volcan. Environ 23000 personnes périrent.
Licence : U.S. Geological Survey
Les gaz volcaniques
Le principal gaz volcanique est la vapeur d'eau accompagnée par de nombreux gaz acides et parfois létaux qui contribuent à la formation de pluies acides endommageant bâtiments, cultures, pâturages et réservoirs d'eau potable.
Autres risques associés : séismes, tsunamis et blasts
Les volcans peuvent générer des aléas dont l'origine n'est pas systématiquement volcanique. C'est le cas des séismes, des tsunamis et des blasts (ondes de pression).
Les séismes d'origine volcanique sont généralement confinés aux zones actives et sont de faible magnitude (M<4). Des magnitudes nettement supérieures ont déjà été observées lors de la formation de caldeiras ou de glissements de flanc de grande ampleur.
Les tsunamis d'origine volcanique sont généralement créés par d'importants lahars, des nuées ardentes ou des glissements de flanc qui entrent en mer ou par une éruption sous-marine. Ces tsunamis locaux sont plus difficiles à prévenir que les tsunamis régionaux déclenchés par des séismes majeurs.
Les blasts volcaniques représentent un risque pour les infrastructures similaires aux risques technologiques ou terroristes. Les effets peuvent être observés à plusieurs centaines de kilomètres : des dégâts jusqu'à 400 km ont été rapportés lors de l'éruption du Tambora en 1815 en Indonésie.
L'exposition du territoire français
La communauté volcanologique nationale française a privilégié une approche déterministe des risques volcaniques. Néanmoins, depuis quelques années, des programmes de recherche commencent à considérer ces risques sous une approche probabiliste. CCR est partenaire du projet « Casava » porté par l'Institut de Physique du Globe de Paris et dont le but est d'évaluer les impacts probables, sur les territoires français, d'éruptions volcaniques survenant aux Antilles.
À ce jour, la Guadeloupe semble être le territoire français le plus menacé, tant par l'activité de la Soufrière de Guadeloupe que par la proximité du volcan Soufrière Hills, Montserrat, 70 km au NW.
La dernière éruption de la Soufrière en 1976 a entraîné l'évacuation de 25000 personnes sans pour autant causer de dégâts significatifs sur les biens. Ce scénario éruptif peut être considéré comme l'un de ceux générant des périls mineurs.
Au contraire, un scénario majeur (comme en 1530), serait susceptible d'affecter très gravement la Guadeloupe toute entière à des degrés divers, pouvant aller jusqu'à la destruction totale de certaines zones urbanisées proches du volcan.
En Martinique, la dernière phase d'activité remonte à la période 1902 à 1932. L'activité volcanique y était très faible depuis lors mais depuis 2019 une activité sismique témoignant de mouvement profond du magma se dénote. Un réveil soudain de la Montagne Pelée est exclu mais la vigilance de l’édifice est renforcée depuis fin 2020.
À La Réunion, le Piton de la Fournaise est l'un des volcans les plus actifs de la planète avec une moyenne d'environ 3 éruptions chaque année depuis 1998. Les éruptions sont généralement sans danger quand elles sont confinées dans l'Enclos Fouqué : espace naturellement clos par de hautes falaises, ouvert à l'Est vers l'Océan Indien et inhabité.
Toutefois, une à deux fois par siècle en moyenne, des éruptions hors de l'Enclos Fouqué menacent directement les zones habitées. Lors des éruptions de 1977 et 1986, plusieurs habitations ont été détruites à Ste-Rose et à St-Philippe.
Le Piton de la Fournaise à La Réunion.
Licence : U.S. Nasa Earth Observatory
Des scénarios explosifs très rares existent, ils sont potentiellement beaucoup plus destructeurs. Une étude est en cours afin de mieux évaluer les aléas et les risques volcaniques à La Réunion.
Enfin, seule une éruption majeure, mais distante, saurait impacter le territoire métropolitain avec peut-être des retombées de cendres significatives ou des tsunamis d'origine volcanique.
Avec des territoires présents dans quatre des cinq océans de la planète, le littoral Français est particulièrement exposé aux risques liés aux tsunamis notamment sur la côte méditerranéenne, aux Antilles et à Wallis-et-Futuna.
L'Etat a confié au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) la mise en place d'un Centre national d'alerte aux tsunamis pour les côtes françaises. Ce centre est opérationnel depuis 2012.
Les systèmes d'alertes rapides sont destinés avant tout à la protection des vies humaines puisque entre la formation du tsunami et l'arrivée des premières vagues sur les côtes, le délai est souvent trop court pour permettre la mise en sécurité des biens.
Les mesures de protection des biens sont donc essentiellement préventives. Elles consistent à réduire l'impact des vagues en les brisant par divers moyens : naturels comme les récifs coralliens ou la mangrove ; artificiels avec des blocs de roche ou béton au large. Ces protections sont aussi efficaces lors des houles cycloniques par exemple.
Depuis la création du régime d'indemnisation des catastrophes naturelles les tsunamis sensu stricto n'ont fait l'objet d'aucun arrêté portant reconnaissance de l'état de catastrophe. Néanmoins, le tsunami du 26 décembre 2004 a fait l'objet d'un arrêté au titre de « Raz-de-marée » pour deux communes de La Réunion (Arrêté du 15 avril 2005).
Les phénomènes à l'origine des tsunamis
Un tsunami (du japonais : tsu, « port » et nami, « vague ») est une onde marine provoquée par la brusque mise en mouvement d'un grand volume d'eau. Un tel mouvement peut être déclenché par plusieurs types de sources.
- Des séismes : les séismes générateurs de tsunami sont caractérisés par des magnitudes supérieures à 7 et des mouvements verticaux de plusieurs décimètres à plusieurs mètres sur des failles longues de plusieurs dizaines à centaines de kilomètres.
- Des éruptions volcaniques : les éruptions volcaniques sous-marines peuvent générer des tsunamis potentiellement très importants et tout aussi redoutables.
- Des glissements de terrain : les glissements de terrain, sous-marins ou côtiers, responsables de tsunami peuvent être déclenchés par un séisme ou simplement par l'érosion.
- Autres sources : il faut aussi signaler une cause plus rare et une source anthropique : l'impact d'une météorite massive ou une explosion nucléaire sous-marine.
Tsunami provoqué par : (A) un séisme sous-marin, (B) une éruption volcanique sous-marine, (C) l'affaissement de flanc d'un volcan.
Tsunami provoqué par : (A) un glissement de terrain sous-marin, (B) l'impact d'un météorite.
Le vent, les marées et les courants marins sont sans lien direct avec l'occurrence d'un tsunami. Le terme de « raz-de-marée » est à proscrire pour décrire les tsunamis, il est réservé aux fortes houles, aux grandes marées ou tout autre événement météorologique causant un débordement marin.
Un impact très dépendant de la bathymétrie et la topographie locale
Les risques liés à l'arrivée du tsunami dépendent de la bathymétrie des fonds marins à l'approche des côtes. En effet, l'onde du tsunami se transforme en vagues destructrices là où la profondeur de la mer se réduit brusquement à l'approche du rivage.
L'impact des vagues est aussi conditionné par la topographie du littoral. En effet, les conséquences d'une vague de tsunami seront très différentes suivant qu'elle rencontre une falaise de plusieurs dizaines de mètres ou une plaine urbanisée. Là encore, la bonne connaissance de la topographie du littoral est essentielle pour créer les cartes d'aléa utiles pour la quantification du risque.
Les tsunamis sont en mesure de détruire habitations, infrastructures, surfaces agricoles, dispositifs de pêche, parcs ostréicoles, etc., et ce sur plusieurs kilomètres à l'intérieur des terres. L'impact est d'autant plus fort que la plupart des tsunamis sont associés à des séismes de forte intensité.
D'autres effets associés peuvent affecter les zones touchées par un tsunami :
- l'incursion et la stagnation d'eaux saumâtres peuvent endommager gravement les milieux naturels littoraux et les zones agricoles
- le trait de côte des littoraux de faible altitude, peu résistants à l'action des vagues peut se trouver drastiquement modifié
- des pollutions liées à la destruction d'infrastructures ou à la simple turbidité de l'eau après le passage des vagues sont très souvent sources de dommages
La valeur d'intensité d'un tsunami est donnée sur l'échelle internationale des tsunamis Sieberg-Ambraseys :
TABLEAU D'INTENSITE DE SIEBERG-AMBRASEYS | ||
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Degré | Intensité | Description |
1 | Très légère | L'onde est si faible qu'elle n'est perceptible que par les appareils de mesure (marégraphes). |
2 | Légère | L'onde est observée par les populations du littoral. Elle s'observe généralement sur des rivages très plats comme les plages. |
3 | Assez forte | L'onde est généralement remarquée par la population. Elle provoque une inondation des côtes en pente douce. Les embarcations légères sont échouées ; les constructions légères près des côtes sont faiblement endommagées. Dans les estuaires, on observe une inversion des cours d'eau jusqu'à une certaine distance en amont. |
4 | Forte | Le rivage est inondé ; la puissance de l'onde entraîne l'affouillement des espaces aménagés. Les constructions sont endommagées près des côtes. Les embarcations sont échouées sur le rivage ou emportées au large. Les côtes sont jonchées de débris. |
5 | Très forte | De puissantes et hautes vagues déferlent sur la côte à grande vitesse. L'inondation du rivage est générale. Les murs de soutènement des quais, les constructions et les structures en dur proches de la côte sont endommagés. Ce type de tsunamis entraîne généralement des pertes de vies humaines. |
6 | Désastreuse | Des vagues géantes se déplaçant à très grande vitesse provoquent la destruction partielle ou complète des constructions et structures édifiées par l'homme jusqu'à une distance importante du rivage. Les côtes sont inondées sur plusieurs kilomètres, et sous une grande hauteur d'eau. Même les navires les plus lourds sont gravement endommagés. Les arbres sont déracinés ou cassés. Le plus souvent, ces tsunamis font des milliers de victimes. |
L' exposition du territoire français
En Méditerranée, l'activité sismique en mer Ligure ou sur les côtes d'Afrique du Nord, l'activité volcanique en Italie ou des glissements sous-marins pourraient produire des tsunamis destructeurs.
En 2003, le tsunami créé par le séisme de Boumerdès en Algérie (M=6,8) a atteint en seulement une heure la Côte d'Azur où des vagues d'une dizaine de centimètres ont été enregistrées localement. Dans le même contexte, un séisme de plus forte magnitude pourrait provoquer des vagues de plusieurs mètres.
Sur la côte Atlantique, un événement majeur aux Antilles, ou entre les Açores et le Portugal pourrait affecter le littoral ouest de la métropole comme lors du séisme dit de Lisbonne en 1755 (M~8,5).
Aux Antilles, le risque de tsunami est très important. L'activité sismique régionale est capable de générer des tsunamis pouvant créer des vagues de plusieurs mètres. Trois tsunamis majeurs ont affecté la Guadeloupe et la Martinique : en 1755 liés aux séismes de Lisbonne et de Nouvelle Angleterre et en 1867 lié au séisme des Iles Vierges.
En 2003 et 2006, des effondrements du dôme du volcan Soufrière Hills situé sur l'île de Montserrat (70 km au NW de la Guadeloupe) ont provoqué des vagues de quelques dizaines de centimètres sur les côtes ouest de Guadeloupe.
A La Réunion, outre le risque de tsunami généré par des glissements de terrain locaux, le littoral de l'île est directement exposé aux événements en provenance du Sud-Est asiatique. Le tsunami du 26 décembre 2004 a atteint les côtes réunionnaises sept heures après le séisme à Sumatra, avec des vagues dépassant les 2,50 m localement. Les dégâts matériels ont été estimés à 500 k€.
Dans l'Océan Pacifique, Wallis-et-Futuna est régulièrement menacée par des tsunamis puisque la majeure partie de ceux-ci ont lieu dans ce bassin océanique sans pour autant être tous destructeurs.
Le tableau ci-dessous récapitule le nombre de tsunamis ayant impacté le territoire français dans chaque océan :
Bassin océanique | Nombre de tsunamis répertoriés depuis 1564 |
---|---|
Océan Indien | 5 |
Océan Pacifique | 14 |
Mer Méditerranée | 29 |
Océan Atlantique | 7 |
Manche | 11 |
Mer des Caraïbes | 13 |
Mise à jour le 15/12/2014
Evénements remarquables depuis 1982
Date | Source | Intensité | Territoire français impacté |
---|---|---|---|
29 septembre 2009 | Séisme de l'Archipel des Samoa | 5 | Wallis et Futuna, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française |
12 septembre 2007 | Séisme de Bengkulu (Sumatra) Indonésie |
4 | La Réunion |
20 mai 2006 | Eruption du volcan Soufrière Hills à Montserrat Antilles |
Inconnue | Guadeloupe |
26 décembre 2004 | Séisme de Banda Aceh (Sumatra) Indonésie |
6 | La Réunion, Mayotte |
21 novembre 2004 | Séisme des Saintes (Guadeloupe) Antilles |
3 | Guadeloupe |
24 août 2004 | Baie de Marseille (Plage de Pointe Rouge) Provence |
2 | Bouches-du-Rhône |
13 juillet 2003 | Eruption du volcan Soufrière Hills à Montserrat Antilles |
2 | Guadeloupe |
21 mai 2003 | Séisme de Boumerdès Algérie |
3 | Alpes-Maritimes |
26 décembre 1997 | Effondrement du volcan Soufrière Hills à Montserrat Antilles |
4 | Guadeloupe |
16 mars 1985 | Séisme de Redonda Antilles |
1 | Guadeloupe |
La valeur d'intensité est donnée sur l'échelle internationale des tsunamis Sieberg-Ambraseys allant de 1 à 6.
Source : Catalogue général des tsunamis, site tsunamis.fr (BRGM - MEDEE)
Mise à jour le 15/12/2014