Inondations

Un péril fréquent en France, qui se transforme et s'aggrave

Les inondations font traditionnellement référence au débordement d'un ou plusieurs cours d'eau, mais englobent également les phénomènes de ruissellement en dehors des cours d'eau. Annuellement, ce sont 440 milliards de m3 d'eau qui tombent sur le territoire métropolitain et se déversent dans 275 000 km de cours d'eau.
Avec des indemnisations cumulées entre 1982 et 2012 supérieures à 7,2 milliards d'euros, les inondations constituent le premier poste de sinistres à charge du régime des catastrophes naturelles représentant 50% du coût total assuré des indemnisations versées.
Par son régime climatique varié et sa morphologie, le territoire métropolitain français est exposé à plusieurs types d'inondations.

Les inondations de plaine (crues lentes)
Elles concernent les grands bassins versants (Seine, Loire, Meuse, Saône...). Ces inondations ont pour origine des précipitations successives et soutenues, affectant de vastes superficies et entraînant des crues lentes mais généralisées du réseau hydrographique. Elles peuvent aussi résulter de la combinaison de plusieurs facteurs, précipitations importantes et fonte des neiges par exemple, et durer de quelques jours à plusieurs semaines dans les bassins à faible pente.

Quelques exemples : la crue de la Seine en janvier 1910, la crue de la Moselle en octobre 2006, la crue de la Loire en novembre 2008, la crue de la Seine amont en 2013...

Les inondations par remontée de nappe
Les nappes phréatiques ou nappes libres sont alimentées par la pluie. Si des événements pluvieux exceptionnels surviennent pendant les périodes annuelles où les nappes sont fortement chargées, le niveau de la nappe peut alors atteindre la surface du sol et provoquer l'inondation par remontée de nappe. Parfois ces inondations s'accompagnent d'effondrements de terrains. Ce type d'inondation peut être catastrophique comme lors de la crue de la Somme en 2001. Les inondations par remontée de nappe présentent la particularité de durer longtemps (souvent plusieurs mois) et de couvrir de vastes zones géographiques. Sur la période 1982-2013, environ 825 communes ont été reconnues au moins une fois au titre de ce péril.

Un exemple : les inondations de la Somme en 2001.

Les inondations torrentielles (crues-éclair)
Elles concernent les petits bassins versants (cours d'eau de montagne, rivières méditerranéennes) et ont pour origine des précipitations intenses et localisées souvent liées à des phénomènes locaux (épisodes orageux, épisodes cévenols, cyclones dans les DOM). La montée des eaux est alors rapide et brutale et ce, d'autant plus que le relief de la région est marqué ou très urbanisé.
Quelques exemples : les orages du Sud-Ouest en juin 2013, les orages du Var en juin 2010, les inondations du Gard en septembre 2002 et 2005, les inondations d'Arles en décembre 2003, les inondations de l'Aude en novembre 1999, Vaison la Romaine en septembre 1992...

Les inondations par ruissellement
Elles affectent plus particulièrement les espaces urbains. Elles sont liées à des précipitations orageuses violentes qui saturent les réseaux d'évacuation des eaux pluviales et ruissellent en grosses quantités sur les sols imperméabilisés des agglomérations.

Quelques exemples : l'orage de Marseille le 19 septembre 2000, les inondations de Montpellier en septembre 2014.

Les inondations littorales ou submersions marines
Les submersions marines correspondent aux inondations de la zone côtière par la mer du fait de conditions météorologiques et marégraphiques sévères (tempêtes en métropole et cyclones dans les DOM). Trois modes de submersion peuvent être distingués :

  • le débordement : lorsque le niveau de la mer est supérieur au niveau des ouvrages ou du trait de côte naturel
  • le franchissement du trait de côte par paquet de mer résultant du déferlement des vagues
  • la rupture d'ouvrage ou la destruction de cordons dunaires sous l'action de la marée et des vagues. L'eau est alors susceptible d'envahir les espaces protégés par ces éléments si leurs altitudes sont inférieures au niveau de la mer

Quelques exemples : la tempête Xynthia en février 2010, Johanna en mars 2008.

Les zones inondables en France métropolitaine

L'urbanisation des zones inondables s'est largement développée au cours des trente dernières années, entraînant une forte augmentation de la valeur des biens exposés.

En France, les inondations de plaine et les inondations torrentielles concernent au moins 19 247 communes dont 300 grandes agglomérations. L'arc méditerranéen, la vallée du Rhône et la région parisienne, densément peuplés et dont le patrimoine culturel et l'activité économique sont importants, apparaissent comme des zones fortement exposées. Les agglomérations alsaciennes et du Nord-Pas-de-Calais ressortent également de manière significative de par leur topographie de plaine. En 2009, l'étude EPRI nationale révèle qu'environ 17 millions d'habitants seraient exposés à un risque d'inondation, dont 16.8 millions rien qu'en métropole. Cependant, cette étude ne prend pas en compte la population saisonnière, qui peut s'avérer importante, comme par exemple, sur le littoral méditerranéen.

De même, 1.4 millions d'habitants sont exposés au risque submersion marine. En France métropolitaine : la Gironde, la Charente Maritime, la Vendée, la Manche et le Pas-de-Calais sont les départements les plus concernés (10% de la population permanente). En outre-mer c'est la Martinique et surtout Mayotte, où 15% de la population est exposée.

Les reconnaissances de Catastrophes Naturelles en France métropolitaine depuis 1982

Depuis 1982, ce sont 30 010 communes qui ont été touchées au moins une fois par l'inondation et 14 297 communes (soit plus d'un tiers des communes françaises) ont été reconnues sinistrées pour le péril inondation à plus de trois reprises (source : base des arrêtés Cat Nat), illustrant ainsi la nécessité de maîtriser l'urbanisation dans les zones fréquemment inondables.

Alors que les inondations de plaine ont longtemps constitué le phénomène prédominant en France, les inondations d'origine torrentielle occupent aujourd'hui la première place. Cette importance nouvelle du phénomène torrentiel s'explique par la succession d'événements d'intensités plus fortes que celles dont on gardait la mémoire, et qui ont affecté l'Aude en novembre 1999, le Gard en septembre 2002, le Rhône en décembre 2003, le Gard et l'Hérault en septembre 2005, le Centre - Est de la France en novembre 2008 et le Var en juin 2010.

Pour importante qu'elle soit, la charge correspondant à ce nouveau type d'inondations demeure sans commune mesure avec le coût potentiel d'une inondation de plaine susceptible de survenir dans la vallée de la Seine ou la Loire qui, toutes deux, recèlent des expositions importantes aux risques. Elles sont telles que les études d'actualisation effectuées à partir de l'inondation de 1856 pour la Loire et de celle de 1910 pour la Seine arrivent à des coûts de dommages pour le régime issu de la loi de 1982 (hors dommages aux services publics) allant jusqu'à 30 Md€.

La tempête Xynthia et les inondations par submersions marines qu'elle a entraînées, ont provoqué plus de 700 M€ de dommages au titre du régime Catastrophe Naturelle. Elle a ainsi rappelé à la France l'importante exposition de son littoral avec de possibles futures aggravations du fait de l'élévation du niveau de la mer en certains endroits.

Reconnaissances submersions marines :